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Être femme et journaliste : le bras de fer du XIXe siècle

Actualité publiée le 3 juillet 2023

L’histoire du journalisme est peuplée de figures aussi emblématiques qu’oubliées du grand public. Et pourtant, c’est bien à eux qu’on doit la transmission de l’information telle qu’on la connaît aujourd’hui.C’est d’autant plus vrai en ce qui concerne les toutes premières femmes journalistes. Parce que oui, être une femme de lettres au XIXe siècle… on a fait plus simple. Mais heureusement, certaines se sont illustrées et ont ouvert la voie aux futures générations. Retour sur leurs parcours.   

Visuel - femmes journalistes

Le journalisme, à ses débuts 

Officiellement reconnu comme “un vrai métier” vers la fin du XIXe siècle, le journalisme est de plus en plus prisé. C’est un métier convoité, à l’aspect romantisé mais également un mode de vie parfois dangereux et solitaire. Le tout premier hebdomadaire est fondé en Angleterre presque un siècle plus tôt. En France, le Petit Parisien publie son premier article journalistique en 1918. C’est d’ailleurs cette année-là qu’est rédigée la toute première charte des devoirs des journalistes, complétée par la suite en 1971. Il s’agit de la Charte de Munich : elle est adoptée depuis par la grande majorité des syndicats de journalistes français, et fait autorité au sein de la profession. 

Les premiers journaux radio sont eux créés en 1921. Mais c’est bien la presse écrite qui fait loi. Elle connaît un véritable âge d’or. La raison ? Elle est en plein essor. Innovation dans le domaine de l’imprimerie, des moyens de transports toujours plus rapides pour aller enquêter sur le terrain, un réseau de sources qui s’étend d’année en année : le journalisme gagne la confiance du public est éveille de nouvelles vocations, notamment pour les femmes. 

 

Les femmes et la presse  

Comme au sein de nombreux métiers, les portes s’ouvrent moins facilement aux femmes. Et pourtant, dès le XVIIIe, certaines femmes dirigent leurs propres feuilles de périodique. Et d’ailleurs, le monde des lettres ne manque pas de femmes célèbres (qu’elles soient journalistes ou auteures) : Delphine de Girardin, George Sand, Colette, Titaÿna... 

Mais alors, pourquoi étaient-elles si minoritaires dans les rédactions ? La raison est simple, le journalisme – comme presque tous les métiers du XIXe siècle – ne reconnaissait presque qu’un seul type de profils : des hommes, ayant de nombreux contacts dans les milieux politiques, une très belle plume et suffisamment vadrouilleurs pour se rendre sur n’importe quel lieu d’enquête.  

Loin de se laisser remisées dans d’autres corps de métiers, les femmes rivalisent d’imagination pour s’infiltrer dans la presse (et devenir indispensables) : invention de nouvelles pratique journalistiques, des styles d’écriture toujours plus étonnants (qui passent par la fiction, la narration, …), elles arrivent même à obtenir l’exclusivité sur certains sujets de société. 

 

Les premières femmes journalistes 

Elles ont chacune participé à leur façon à imposer les femmes dans le monde journalistique. Avec l’ISFJ :focus sur les parcours, de trois femmes dont les noms inspirent encore aujourd’hui. 

Robertine Barry 

C’est une figure marquante dans l’histoire du journalisme. Robertine Barrya laissé une empreinte indélébile pour les nombreux combats féministes qu’elle a menés, notamment au sein de la presse. Née au Canada à la fin du XIXe siècle, elle brave les conventions sociales pour devenir l’une des premières femmes journalistes du pays. Robertine Barry était une fervente défenseure des droits des femmes et de l’égalité des sexes, elle utilisait sa plume pour donner une voix à celles qui étaient marginalisées. Elle a d’ailleurs fondé et dirigé son propre journal : « Le Coin du feu« , dédié aux préoccupations des femmes canadiennes. Son travail a ouvert la voie à une représentation plus juste des femmes dans les médias et à faire évoluer les mentalités. 

Nellie Bly 

Nellie Bly est une icône incontournable du journalisme. Elle a tenu un rôle pionnier dans le journalisme d’investigation. Au XIXe siècle, elle brave les stéréotypes de genre et devient l’une des premières femmes reporters d’investigation. Sa détermination et son audace la conduisent à réaliser de nombreux exploits, jusqu’alors impensables pour une femme. À titre d’exemple : elle est la première femme à réaliser un voyage autour du monde en 72 jours, sans être accompagnée. Elle réalise aussi des reportages sur les conditions de vie dans les asiles psychiatriques et les usines. Elle met en exergue les injustices et les abus de pouvoir, ses papiers contribuent à la mise en place de grandes réformes. Aujourd’hui encore, ses travaux continuent d’influencer les journalistes. 

Julie-Victoire Daubié 

Elle est elle aussi une figure remarquable chez les toutes premières femmes journalistes. Née à la fin du XIXe siècle en France, elle a fondé et dirigé « La Fronde« , le premier journal féministe en France. Elle offre ainsi une tribune pour les voix des femmes longtemps ignorées. Julie-Victoire Daubé aborde des sujets tels que l’égalité des sexes, les droits des femmes et l’accès à l’éducation : elle promeut l’émancipation féminine. Elle milite également activement pour le droit de vote des femmes, et plaide pour une société plus juste et égalitaire. Son courage et sa détermination ont inspiré de nombreuses femmes à s’engager dans le journalisme et à se battre pour leurs droits. 

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