Jean-Philippe Lustyk à l’IFSJ Paris pour la diffusion de son documentaire Au-delà des médailles.
À l’occasion de la première édition du Reportage Club, l’ISFJ Paris a reçu une figure emblématique du journalisme sportif, Jean-Philippe Lustyk. Les étudiants ont eu la chance d’assister à la projection de son documentaire Au-delà des médailles puis de s’entretenir avec lui sur sa vision et son expérience du journalisme.
“J’ai fêté les 40 ans de ma carte de presse”. C’est une immense carrière et une expérience exceptionnelle qui entrent avec Jean-Philippe Lustyk sur le campus de l’ISFJ Paris. Face à une trentaine d’étudiants, il raconte que deux mois après la création de Canal +, il a été le premier journaliste du service des sports de la chaîne. Sa culture sportive abyssale lui permet de s’imposer dans ce domaine et de couvrir de nombreux événements, mais surtout de devenir la référence de la boxe en France en commentant à travers le monde les plus grands combats de notre temps. “Produire ce reportage Au-delà des médailles vient de mon amour pour le sport et des Jeux Olympiques, que j’ai eu la chance de couvrir sept fois”, explique-t-il aux étudiants, “l’objectif était de montrer que les victoires des champions olympiques ont une dimension historique, culturelle, sociale et politique et vont bien au-delà du côté sportif”.
Des étudiants plongés dans l’histoire des Jeux Olympiques
Le temps d’une soirée, la grande salle du campus de Vaugirard est devenue une passerelle temporelle. Des images d’archives en noir et blanc des Jeux Olympiques datant de plus de 60 ans font face à une jeune génération de vingtenaires faisant leurs premiers pas dans le monde du journalisme. Très peu reconnaissent Tommie Smith lorsqu’il évoque son poing levé sur le podium des JO de Mexico en 1968, même s’ils ont tous déjà vu cette photo mythique devenue un symbole de la lutte pour les droits civils des Afro-américains. Observant depuis le fond de la salle sombre ces jeunes visages absorbés par son travail, Jean-Philippe Lustyk sourit en entendant les élèves rire devant le Polonais Wladislaw Kozakiewicz qui, après sa médaille d’or du saut à la perche aux JO de 1980, adresse un bras d’honneur rageur au public de Moscou. Un geste devenu emblématique de la lutte pour la liberté et les droits humains. La diffusion de ce film est un enseignement. C’est la transmission des enjeux, des causes et des problématiques d’une époque dont certaines résonnent dans la société actuelle. Les yeux d’une étudiante au premier rang s’écarquillent devant le témoignage d’Hassiba Boulmerka, devenue un symbole du combat féministe face à la poussée de l’extrémisme islamique en refusant de porter le voile et en remportant la médaille d’or du 1500m aux JO de Barcelone. Un garçon du dernier rang esquisse un sourire devant le rire contagieux d’Hailé Gébrésélassié dont la volonté est de montrer la grandeur de l’Afrique aux Jeux d’Atlanta en 1996. “Faire la paix autour du monde du sport, une fois tous les 4 ans”, les derniers mots du documentaire résonnent et la salle applaudit.
“Pensez à ce que vous voulez raconter et soyez totalement impliqués”
La production d’un documentaire demande un travail colossal. Les étudiants ont pu questionner Jean-Philippe Lustyk sur les techniques et les particularités d’un tel exercice. “Comment amène-t-on les sportifs à parler de sujets aussi sérieux et compliqués ?”, demande un élève de 4e année. “On essaie de créer un lien avec la personne pour instaurer un climat de confiance. La clé, c’est la transparence. Et la force du documentaire, c’est qu’on a le temps, alors il faut le prendre” répond le journaliste. Il explique à son auditoire l’importance de se nourrir de rencontres, d’être à l’écoute et de s’intéresser aux gens. “Trouvez une idée. Pensez à ce que vous voulez raconter et soyez totalement impliqués”, poursuit-il, “faites les choses à fond, le journalisme est un privilège énorme”. Néanmoins, le spécialiste de la boxe, face à l’évolution du sport et du statut des sportifs, estime que réaliser un documentaire comme le sien serait beaucoup plus difficile aujourd’hui. Il faut maintenant passer par les agents, les attachés de presse, les clubs et interviewer des sportifs coûte beaucoup d’argent. Cette rencontre avec Jean-Philippe Lustyk a permis aux étudiants de plonger profondément dans le monde du sport et dans l’expérience d’un journaliste confirmé, pionnier dans son domaine, et de mieux comprendre ce qu’est le journalisme.
