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Qui est le « journaliste masqué » ?

Actualité publiée le 11 janvier 2023

Ses enquêtes sont connues dans toute l’Afrique et la réputation de ce journaliste dont on ne connaît pas le visage ne fait que croître à l’international. Anas Aremeyaw Anas, journaliste d’investigation masqué : qui es-tu ? 

Visuel - Journalisme masqué

 

Le Ghana démocratique a son héros : le journaliste masqué

 

On sait très peu de choses à propos d’Anas Aremeyaw Anas, dit le « journaliste masqué». Né à la fin des années 1970 au Ghana, l’anonymat est l’outil de travail central de ce journaliste d’investigation reconnu désormais internationalement. Politiquement non-classifié, Anas agit sur de nombreux canaux et propose ses enquêtes sous divers formats (majoritairement écrit et documentaire, cependant). 

Son travail d’investigation se concentre sur le respect des droits de l’Homme au Ghana et traite des (nombreux) problèmes de corruption du pays. La PressFoundation du Ghana l’a récompensé du prix du « Meilleur journaliste » en 2016, un an après que Foreign Policy l’ait nommé parmi les principaux penseurs mondiaux. 

 

Deux publications incontournables du journaliste masqué 

 

En 2015, Anas Aremeyaw Anas publie Le Ghana aux yeux de Dieu, une enquête à propos du système judiciaire en place au sein du pays. Son travail aboutit à la destitution de certains juges, bien que le système en place continue de montrer des failles structurelles importantes. 

En 2018 il publie Numéro 12, sur l’administration du football dans le pays. Le président, suite à ces travaux, démantèle littéralement l’association ghanéenne de football à cause de trop nombreux pots-de-vin impliquant des personnalités politiques. 

Anas Aremeyaw Anas a fondé sa propre société d’information, il est à la tête d’une véritable équipe de journalistes d’investigation qui dénonce les dysfonctionnements du système ghanéen. 

Depuis la pandémie de Covid-19, le journaliste masqué a produit deux reportages à propos des conséquences du virus sur la liberté et le respect des Droits de L’Homme au Ghana : un sur les charlatans-guérisseurs et un second sur la véritable utilisation du matériel de prévention et de soin fournis par le gouvernement ghanéen. 

 

Le journaliste masqué : la méthode de l’infiltration 

 

Au Ghana, le journalisme d’infiltration est reconnu et légal. Selon Anas Aremeyaw Anas, des mesures drastiques doivent être prises afin de dénoncer la corruption galopante dans le pays. C’est pour cette raison que ce professionnel a souhaité conserver l’anonymat en masquant constamment son visage. Constitué d’un voile de perles africaines, il lui permet de protéger sa vie (en 2019, il perd un proche collaborateur) et de faire perdurer son travail d’investigation. 

Anas Aremeyaw Anas reconnaît pratiquer un journalisme hybride et il revendique travailler autour de trois axes fondateurs : dénoncer, faire honte et emprisonner (naming, shaming, jailing). 

Œuvrer pour un vrai journalisme d’investigation, capable de faire changer les choses en mettant en lumière les erreurs des systèmes politiques corrompus est la mission principale des journalistes professionnels. L’ISFJ le sait et a à cœur de proposer un enseignement technique et de haut niveau universitaire propre à former une génération de professionnels qui comprend les implications démocratiques de leur travail. 

Perçu comme un véritable héros dans le monde du journalisme anglo-saxon, Anas Aremeyaw Anas a obtenu près d’une cinquantaine de prix aujourd’hui. 

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